L’Association du Patronage Sainte-Mélanie (A.P.S.M.), telle que nous la connaissons aujourd’hui, fut créée le 16 juin 1850 sous le nom de Patronage de l’Estrapade.

 

Sous l’impulsion de Frédéric Ozanam, Auguste Le Prévost, alors âgé d’une trentaine d’années, comprit que parallèlement à la visite des pauvres, il devenait urgent de s’occuper des enfants du quartier, souvent déshérités, parfois délinquants, comme les jeunes détenus de la maison de correction de la rue Cujas. Un lieu d’accueil fut ouvert en 1842 au 16 de la rue du Regard. Huit ans plus tard, les Conférences Saint-Vincent-de-Paul décidaient d’agrandir une de leurs maisons, située au 14 de la rue des Fossés-Saint-Jacques où étaient préservés de la misère quelques vieillards et enfants, en y adjoignant une école et un patronage d’apprentis. Le Patronage de l’Estrapade, devenu Patronage Sainte-Mélanie en 1857, voyait le jour !

Le Patronage Sainte-Mélanie ne tire pas son nom d’une des deux saintes éponymes, mais du prénom de l’épouse du président de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, monsieur BAUDON.

Un vaste espace lui fut réservé comprenant notamment un jardin sur lequel s’élève aujourd’hui la mairie du Ve arrondissement, plusieurs salles, une bibliothèque et même un amphithéâtre transformé le dimanche en chapelle. Ouvert aux seuls garçons, le patronage Sainte-Mélanie réunissait le dimanche les jeunes ouvriers, les apprentis, les aspirants et, enfin, les premiers communiants, selon des catégories bien définies. À la messe célébrée à midi après un commentaire de la fête du jour prononcé par un confrère, succédaient à 15 heures des réunions par groupe où l’on devisait de la marche générale de la maison et où on lisait de longues et belles histoires ou encore les textes de quelques grands auteurs français. Les ouvriers avaient pour mission de faire répéter la leçon de catéchisme aux plus jeunes dont beaucoup à cette époque ne savaient pas lire. On s’exerçait au trapèze et à la balançoire dans la cour tandis que la découverte de livres d’images et l’apprentissage de la lecture s’organisaient de manière informelle à l’intérieur. La journée s’achevait à 17 heures par un salut général. À ces dimanches familiers qui en 1860 attiraient pas moins de 192 inscrits avec une moyenne de 160 présents, s’ajoutaient 3 à 4 promenades dans l’année organisées à Vincennes, Arcueil, Gentilly, sans oublier le traditionnel pèlerinage de Longpont.

Depuis cette date, le patronage a souvent déménagé dans le quartier, soit pour pouvoir s’agrandir, soit  parce que les locaux utilisés devenaient indisponibles. En 1904, enfin, le patronage Sainte-Mélanie fut contraint de déménager une nouvelle fois, les propriétaires des locaux de la rue Lhomond se refusant à renouveler son bail. Il s’installa ainsi dans un vaste immeuble que venait de quitter une école protestante, situé au numéro 19 de la rue Tournefort, où il réside encore.

On retiendra deux innovations qui marquent les années d’expansion du patronage Sainte-Mélanie :

  • La première est la création en 1892 d’un journal mensuel intitulé Les Nouvelles du Pays. Animées par les ouvriers qui en rédigent les articles et en assurent la distribution sous la forme de feuilles polycopiées, elles sont le lieu de nombreux articles ayant pour objet de tenir informé les Mélaniens éloignés pour cause de service militaire puis deviennent très vite un lien précieux entre les anciens, les amis de Sainte-Mélanie et les Mélaniens eux-mêmes.
  • La seconde est la création des premières colonies de vacances. En 1904 et 1905, le conseil du patronage, dégageant la somme traditionnellement allouée aux prix des garçons les plus réguliers et les meilleurs, envoya en vacances trois puis quatre enfants, les plaçant dans des familles près de Nemours. L’année suivante, les familles ayant été sollicitées, seize colons puis trente purent partir, jouissant pendant trois semaines d’un chalet à Saint-Laurent-sur-Mer dans le Calvados et, pour les plus de seize ans, d’un gîte à Russey dans la vallée du Doubs. En 1913, enfin, un vieux fort de douaniers de Saint-Germain-des-Vaux fut loué avant d’être acquis par le patronage.

Après la première guerre mondiale, il apparut indispensable de donner une assise institutionnelle au patronage, en le faisant accéder à la forme légale d’une association. L’Association du Patronage Sainte-Mélanie (A.P.S.M.) fut ainsi créée en 1920 sous la forme d’une association déclarée d’éducation populaire. Le 2 mars 1936, l’A.P.S.M. vit par ailleurs reconnaître l’utilité publique de son action par l’État.

En 1965, le prêtre qui dirigeait le Patro fut nommé en banlieue et aucun vicaire de Saint-Étienne-du-Mont ne le remplaça. La paroisse  ne trouvait plus forcément opportune l’existence d’un patronage. Les dirigeants cherchèrent dans un premier temps diverses collaborations, correspondant à de nouveaux objectifs : foyer de jeunes travailleuses, jeunes drogués, accueil de religieuses, etc. Devant l’inefficacité de ces solutions de remplacement, les bâtiments furent vendus.

En 1980, sous la houlette de trois anciens, Bernard JOFFRET, Jean BOYER et François MIALARET, le Patro ré-ouvrit progressivement ses portes. Grâce à la vente du terrain de Bagneux et à la mise à disposition de locaux au 19 rue Tournefort, sur les lieux même de l’ancien patronage, les activités reprirent à partir de 1983, dirigées vers les enfants âgés de 6 à 12 ans. Une directrice organisa l’emploi du temps du mercredi. Les anciens furent joyeux de trouver en elle une vraie Mélanienne désireuse d’organiser au plus vite une colonie au fort Saint-Martin, ce qu’elle réalisa dès 1984. La tradition des kermesses reprit également en 1985. C’est tout le Patro qui retrouva des couleurs comme autrefois.